Voici un sujet d’actualité, car je ne sais pas chez vous, mais chez moi ça turbine, la plupart des alocasias sont en train de me sortir ou m’ont déjà sorti des vagues d’inflorescences. Et donc, à chaque fois, se pose la question : je coupe ou je laisse ?
On lit de tout sur les réseaux et sur Internet, certains prônent la coupe immédiate « pour ne pas fatiguer la plante » et d’autres s’insurgent « non c’est la nature faut laisser le cycle se faire ». Alors, qui a raison, qui a tort, et que faut-il en penser ? On va essayer de répondre ensemble à cette question cruciale
Il y a quelques jours, j’ai lancé un petit sondage en story sur Instagram, pour savoir ce que font les plantaddicts qui me lisent lorsqu’une inflorescence apparaît sur une de leurs alocasias. Les résultats n’ont pas été ceux que je pensais : à 55-60 % les personnes interrogées laissent l’inflorescence, soit en vue de tenter une pollinisation, soit juste parce qu’elle fait partie de la plante et c’est tout. À l’inverse, 40-45 % des plantaddicts qui ont répondu coupent direct l’inflorescence. Je pensais franchement que cette catégorie serait prédominante, je me suis trompée.
Ce que je fais quand une de mes alocasias sort une inflorescence
Parce que bon, je ne suis pas une référence, mais c’est mon blog, alors je vous partage ce que je fais en général dans ce cas (et on verra ensuite si j’ai raison ou tort).
Lorsque j’ai débuté dans le monde des plantes, je m’imprégnais forcément de tout ce que je lisais sur les réseaux puisque je n’avais pas de recul et d’expérience (logique). À cette époque, j’étais en mode « faut absolument couper les inflos car cela fatigue la plante ».
Puis j’ai découvert qu’il était possible de polliniser manuellement les inflorescences et j’ai trouvé cela passionnant. D’un coup les inflorescences avaient « un sens » et je les ai attendues avec impatience pour tenter mes petites expériences. Si cela t’intéresse, tu peux lire cet article. Après plusieurs tentatives de pollinisation, qui m’ont amenée à récolter du pollen, faire des manipulations, etc., j’ai un peu lâché l’affaire. Principalement parce que je n’avais pas de résultats positifs, et aussi parce que, il faut le dire, les alocasias m’ont un peu cassé les bonbons pendant une certaine période et j'ai enchaîné les sauvetages ; dès lors, je n’étais pas forcément très motivée pour alourdir ma charge de travail avec plein de bébés alocasias (en cas d’hypothétique succès).
J’ai décidé de ne retenter la pollinisation qu’en cas de pollen « frais » disponible en même temps sur une autre inflorescence. Bon, cette stratégie d’évitement a bien fonctionné, car jusqu’à présent cela ne s’est jamais produit (ah ah).
Après ces tentatives de pollinisation, en revanche, j’ai eu tendance à laisser les inflos et à ne rien faire de particulier, excepté en cas de plante pas en forme. Si l’alocasia fait la tronche, je coupe la nouvelle inflo pour ne pas en rajouter. Ah ! et si l’alocasia compte déjà 5 ou 6 inflos, je coupe les nouvelles : je me dis qu’elle a déjà son quota et que je n'ai pas que ça à faire de lui donner de l’engrais tout le temps.
Ce que j’ai trouvé dans la littérature scientifique
Réponse : rien. Enfin rien au sujet de la coupe des inflorescences et de ses conséquences. Je suis très déçue. Si je trouve un jour un support, je viendrai mettre à jour cet article. Si de ton côté, tu as déjà trouvé quelque chose de fiable, contacte moi 🙂
Ce que j’ai trouvé sur le net
Sur le net, l’immense majorité des occurrences Google me renvoient vers des vidéos ou des articles de blog affirmant qu’il faut absolument couper les inflorescences pour éviter à la plante de s’épuiser. Personne ne se dit qu’avec tous les engrais dont nous disposons, cela ne devrait pas être un problème ?
Mais j’ai trouvé une information intéressante (enfin c'est même pas moi, merci à la personne qui a fait cette trouvaille et se reconnaîtra). Sur reddit, quelqu’un rapporte les propos de LariAnn Garner (productrice d’aracées via sa société Aroidia Research, créatrice d’alocasias hybrides brevetés, diplômée en physiologie végétale, ayant travaillé dans de nombreuses pépinières, etc - bref une personne qui sait de quoi elle parle a priori).
Voici la teneur de ses propos, tels que rapportés et traduits par une tierce personne : « En bref, supprimer les fleurs n’est pas bénéfique pour la plante et peut avoir des effets néfastes. Physiologiquement parlant, la plante fleurit en raison de processus hormonaux internes et de déclencheurs environnementaux qui lancent le cycle de floraison. Couper les fleurs ne modifiera pas ces effets. Si l’inflorescence n’est pas fécondée avec du pollen viable, elle finira par mourir. Au cours du processus de disparition des inflorescences, la plante recyclera de nombreux nutriments utilisés en premier lieu pour produire la floraison. Couper les inflorescences avant qu’elles ne meurent naturellement empêchera la plante de recycler les nutriments, ce qui pourrait entraîner un affaiblissement de la plante et des symptômes de carences. De plus, la plante étant toujours physiologiquement dans un cycle de floraison, tentera de produire davantage de fleurs pour remplacer celles coupées, épuisant ainsi son stock de nutriments et ses réserves d’énergie ».
Évidemment, impossible de vérifier si c’est bien elle qui a tenu ces propos, mais je lui ai envoyé un email donc, sait-on jamais, un jour peut-être je pourrai vous apporter un complément d’information.
Je comprends bien l’idée des cycles (avec la succession du cycle végétatif, avec croissance des feuilles, et du cycle reproducteur, avec la floraison) et des mécanismes internes de recyclage, mais j’aurais aimé trouver des preuves scientifiques sur le fait que la coupe d’une inflorescence serait susceptible de stimuler la production de nouvelles inflorescences. J’ai pu remarquer en effet sur mes alocasias que les inflorescences (que je n’ai pas coupées) viennent toujours minimum par 2-3, et plus la plante est développée et établie, plus il y en aura (une dizaine la dernière fois sur l’alocasia heterophylla dragon’s breath). Donc j’ai tendance à penser que de toute façon, qu’on coupe ou pas, il y en aura plusieurs.
Conclusion
En conclusion, non, tu n’es pas obligé(e) de couper la nouvelle inflorescence de ton alocasia. Non, la production de cette inflorescence ne va pas « épuiser » ta plante. Déjà, elle n’aurait pas fabriqué cette inflorescence si elle n’avait pas les moyens de la supporter, et en plus, grâce à l’engraissage que tu lui apportes, elle ne souffrira d’aucune carence. Et cerise sur le gâteau, si tu coupes l’inflorescence tu risques d’en déclencher une nouvelle dans la foulée.
Le mieux c’est de la laisser grandir tranquillement, continuer d’apporter ce qu’il faut à ta plante (pour ma part, je donne l’engrais Master Grower Floraison de la marque Hydropassion, spécialement conçu pour les plantes en période reproductive et qui a l’avantage non négligeable d’être bio et vegan et fabriqué en France) et simplement profiter du spectacle ! Et si tu veux tenter une pollinisation, reste à l’écoute, car je te prépare un article et une vidéo pour t’expliquer comment faire
A bientôt !